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Une biodiversité essentielle à l’URN

« La biodiversité, c’est ce qui se voit. Si nous voulons attirer des étudiants qui ont envie de travailler sur ces sujets-là, il faut que sur nos campus on ressente que nous œuvrons pour les transitions socio-écologiques. Il faut avoir un campus vert, il faut qu’il y ait une cohérence entre nos valeurs et ce qui se voit ». Alexandre Padet, chef de projet transition socio-écologique et mobilisation étudiante de l’Institut des transitions (T.URN) de l’université de Rouen Normandie travaille au quotidien sur la biodiversité et essaye de la mettre la plus en avant possible sur l’ensemble des campus de l’URN.

L’université de Rouen Normandie s’investit énormément dans les transitions écologiques pour un développement soutenable (TEDS). Lauréate de l’appel à projets ExcellencES France-2030 à l’été 2022, l’Université développe depuis son projet ANR-23-EXES-0013 TRANSITION. Le maintien de la biodiversité est un des principaux axes de travail de l’Institut T.URN. Alexandre Padet, arrivé à l’URN il y a un peu moins d’un an, en a la charge. « 50% de mon travail est de mettre en place des actions de préservations de la biodiversité sur les campus de l’URN et 50% est de faire de la sensibilisation », explique-t-il.

Atlas de la biodiversité, nichoirs et fauche de pelouse

Quand on pense à une université, on imagine plus souvent des salles de classes, des amphithéâtres, des laboratoires de recherche et des bibliothèques que la faune et la flore qui s’y sont installées. Pourtant, il y a sur l’ensemble des campus de l’URN une biodiversité bien présente. Si celle-ci se retrouve majoritairement sur les campus de Mont-Saint-Aignan, Évreux ou Sciences et techniques du Madrillet, il y a également de la biodiversité à Pasteur ou sur le campus Santé de Martainville, notamment grâce à la présence de la rivière Aubette qui le traverse.

L’un des enjeux majeurs sur plusieurs campus est de permettre aux oiseaux, notamment les mésanges, de nidifier. « Les oiseaux cavernicoles ont de moins en moins d’endroits pour aller faire leurs nids et c’est important de mettre ces nichoirs à disposition », explique Alexandre Padet. Plus de 80 nichoirs ont été installées : 40 à Mont-Saint-Aignan, 20 sur le campus Sciences et techniques et 20 du côté de l’INSA. Plus récemment, trois nichoirs ont vu le jour sur les campus d’Évreux. Mais installer des nichoirs ne suffit pas, il faut ensuite faire des statistiques sur les nichées afin de mieux comprendre la biodiversité. « Globalement, les statistiques sont bonnes cette année avec 70% des nichoirs occupées, et à Mont-Saint-Aignan 100% de taux d’éclosion et de taux d’envol », poursuit le chef de projet.

Mais au sein des campus de l’université de Rouen Normandie, on trouve bien plus que des mésanges. « Depuis mon arrivée, j’ai choisi de faire un état des lieux de la biodiversité à l’Université », poursuit Alexandre Padet. « J’aimerais bien le faire sous la forme d’un atlas de la biodiversité. Pour l’instant nous ne connaissons pas le nombre d’espèces d’oiseaux, le nombre d’espèce de reptiles, le nombre d’espèces de mammifères. C’est un projet que j’aimerais développer avec des étudiants, du personnel, que ce soit participatif. La complexité c’est qu’il faut que ce soit pérenne parce que l’important c’est de connaître l’évolution tous les ans ou tous les deux ans. Faire cet état des lieux permet d’en apprendre plus sur l’environnement, la qualité de l’air, de l’eau ou des pelouses ».

Parmi la biodiversité qui se voit, il y a également la gestion différenciée des espaces verts comme les friches qui se retrouvent à différents endroits des campus. Environ la moitié du campus de Mont-Saint-Aignan est fauchée (et non tondue) une seule fois par an. Cela a pour but de laisser tout le cycle de vie des plantes et des insectes afin de les laisser pondre. « Nous avons notre part de responsabilité en raison du nombre d’hectares qu’occupe l’Université », reprend le chef de projet.

À l’attaque des plantes exotiques envahissantes

Alexandre Padet a également lancé un gros projet avec son collègue Romain Champion, géomaticien à l’Institut T.URN : faire l’inventaire des plantes exotiques envahissantes. Cela s’inscrit dans cette logique de confection d’un atlas de la biodiversité. Ce projet a pris forme dans le cadre d’un cours à destination de 80 étudiants. « J’ai rencontré un enseignant en géographie, Brian Chaize, qui avait déjà fait cela à Paris. Nous avons ensuite décidé de proposer à des étudiants en biologie, en lien avec Estelle Forey, maîtresse de conférences à l’UFR Sciences et techniques, de participer à l’expérience ». Dans des groupes mixtes, les étudiants en biologie s’occupaient de faire la détermination des plantes tandis que ceux en géographie rentraient les données sur un téléphone afin de cartographier les zones.

« Le but est ensuite d’arracher les plantes quand c’est pertinent », continue-t-il. « Nous ne pourrons pas tout enlever mais il faut pouvoir le faire quand il y a un enjeu fort en biodiversité. Ces espèces sont problématiques parce qu’elles n’ont pas co-évolué avec les espèces de chez nous. Elles arrivent, généralement à cause de l’humain, et vont occuper une niche dans l’écosystème, une place qui n’existait pas avant. Elles font une sorte de concurrence déloyale à la flore locale qui n’a pas appris à évoluer avec. Même pour la faune ça peut être problématique car certains animaux ne s’adaptent pas à ces nouvelles espèces ».

Une sensibilisation essentielle

Si l’Université ne peut pas arracher toutes les plantes exotiques envahissantes qui prolifèrent, l’idée est de pouvoir sensibiliser la population à ce sujet, que ce soit les habitants des zones proches des campus, les étudiants ou les personnels. Une sensibilisation qui se fait sur l’ensemble des sujets liés à la biodiversité. « Pour l’instant j’ai plus ciblé ma sensibilisation en direction des personnels, mais je vais aussi diriger celle-ci vers les étudiants », explique Alexandre Padet. « J’ai déjà fait une animation sur comment reconnaitre les oiseaux communs. J’aimerais développer cela sur les oiseaux et les papillons afin de faire de la science participative, créer un vivier d’observateurs. J’aimerais mettre en place quelques sessions dans l’année où nous prendrions une heure pour observer oiseaux et papillons ». Le chef de projet biodiversité a pour but de sensibiliser par l’action : « Quand tu te sens acteur, cela t’incite à en faire plus ».

Pour lui, la porte d’entrée est souvent la faune qui permet de mieux se projeter. « Protéger un renard c’est facile. Il faut protéger le renard et la zone dans laquelle il vit. En faisant ça, cela favorise les micromammifères car c’est la ressource alimentaire du renard. Mais pour aider les micromammifères, il faut des insectes. Et pour les insectes des plantes. Tout est interconnecté en biodiversité. Si on veut protéger un maillon, il faut protéger tous les autres maillons ».

Pour les étudiants, Alexandre Padet compte opter pour une toute autre stratégie : faire des panneaux pédagogiques pertinents à différents endroits des campus de l’URN. Dans son esprit, ces panneaux auraient une phrase accrocheuse et un QR code qui permettrait d’en apprendre plus sur le sujet. « Dans le pire des cas, ceux qui ne font pas l’effort de scanner le QR code retiendront au moins une anecdote sur un sujet, une espèce. Nous protégeons mieux ce que nous connaissons ».

Et dans le futur ?

Si l’Institut T.URN compte bien continuer à travailler sur ces nombreux leviers de préservation de la biodiversité ainsi que sur la sensibilisation, l’idée est d’aller plus loin dans le futur. Chaque université française doit obligatoirement mettre en place un schéma directeur du développement durable et de la responsabilité sociétale. Alexandre Padet a déjà de nombreux objectifs pour celui-ci :

  • Améliorer les connaissances et continuer à sensibiliser
  • Structurer le marché public espaces verts pour qu’il n’y ait que des plantes locales
  • Diversifier les types d’habitats sur les campus, grâce à des toits végétalisés par exemple
  • Prendre en compte la biodiversité quand on construit et rénove (ex nichoirs intégrés dans les bâtiments)
  • Créer une mare sur le campus de Mont-Saint-Aignan car il n’y a pas de trame bleue, et donc ni libellules ou amphibiens dans cette zone
  • Mise en place de la zéro artificialisation nette, pas le droit d’artificialiser un seul mètre carré de terre sans compensation

« C’est que nous voudrions faire dans l’idéal. À voir si nous réussissons à tout mettre en place, mais en tout cas nous allons continuer à préserver la biodiversité sur nos campus », conclut le chef de projet.

Aller plus loin

Date de publication : 16/04/24