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Rencontre avec une enseignante-chercheuse de l'Université

Muriel Bardor, directrice adjointe du laboratoire GlycoMEV

Enseignante-chercheuse au laboratoire GlycoMEV, récipiendaire de la médaille de la Fête de la science

"C'est une récompense qui reconnaît le travail de diffusion scientifique au sens large, c'est-à-dire d'être capable d'expliquer au grand public le fruit de nos travaux de recherche et l'intérêt de ce travail pour la société. Pourquoi on développe telle ou telle thématique et pour répondre à quelle problématique sociétale ?"

  • Présentez-vous ! Quels sont vos sujets de recherche ?

Je suis Muriel Bardor, professeure à l’université de Rouen Normandie. J’y depuis une vingtaine d’années. J’ai commencé comme maître de conférences et je suis devenue professeure en 2015. Je suis actuellement responsable d’une thématique de recherche autour de la production de médicaments à partir de microalgues, et directrice adjointe du laboratoire GlycoMEV qui est un laboratoire de biologie végétale. Avec mes collègues, nous développons différents axes de recherche dont un qui vise  à utiliser les microalgues pour leur faire produire des médicaments, en particulier des anticorps, qui peuvent cibler spécifiquement les cellules tumorales. L’idée, c’est d’utiliser ces anticorps pour tuer les tumeurs. Nos travaux ont bien avancé puisqu’on a créé une entreprise qui va exploiter le fruit de notre travail à l’échelle industrielle. On est sur un continuum entre le transfert des résultats de la recherche académique vers le monde socio-économique au travers de cette création de société qui s’appelle Alga Biologics.

 

  • Cette semaine, à l’occasion de la Fête de la science, vous allez recevoir la médaille des 30 ans. Pouvez-vous nous en parler ?

Pour moi, cette récompense, c’est avant tout une reconnaissance des institutions et du rectorat sur les actions que nous avons menées pour la diffusion de nos travaux de recherche auprès du grand public. Quand je parle de grand public, j’entends à la fois des collégiens, des lycéens, mais également des familles qui peuvent assister à des événements comme la Fête de la science. C’est l’occasion pour nous de promouvoir tout le travail fait au quotidien dans les laboratoires de recherche, mais également de parler du métier d’enseignant-chercheur et de tous les métiers associés à la recherche.

 

  • Cette récompense, met-elle en avant une carrière ou un travail en particulier ?

Je dirais que c’est une récompense qui reconnaît le travail de diffusion scientifique au sens large, c’est à dire d’être capable d’expliquer au grand public le fruit de nos travaux de recherche et l’intérêt de ce travail pour la société. Pourquoi on développe telle ou telle thématique et pour répondre à quelle problématique sociétale ? Nous expliquons pourquoi nous travaillons sur les plantes ou les microalgues au GlycoMEV et dans quel objectif. Nous avons des projets qui sont très appliqués, qui sont en lien avec l’agronomie, la stimulation et la croissance des plantes, l’agriculture et la santé. Comme évoqué, nous utilisons les microalgues pour leur faire produire des médicaments pour soigner des cancers. Ce sont vraiment des problématiques très concrètes. Évidemment, en amont, nous avons besoin de comprendre comment fonctionnent les cellules végétales et les microalgues pour arriver à les optimiser en vue de ces applications. Nos travaux de recherche sont donc à la fois fondamentaux et appliqués, et portent sur des problématiques actuelles de notre société.

 

  • Est-ce une fierté, un honneur de recevoir ce prix ?

En effet, c’est une fierté et un honneur qui récompense non seulement mes efforts en tant que responsable de groupe et directrice adjointe du laboratoire, mais ce sont également les efforts de toute l’équipe du GlycoMEV qui sont récompensés. C’est toute une équipe qui travaille avec moi et qui contribue de par son temps, ses idées, sa motivation et son enthousiasme à participer à la réussite d’événements comme la Fête de la science.

 

  • Allez-vous intervenir pendant la Fête de la science ?

Cette année, le laboratoire a un stand sur lequel on présente différents ateliers où nous proposons aux élèves, que ce soit ceux du primaire, du collège ou du lycée, mais également aux familles de découvrir comment extraire de l’ADN à partir de cellules végétales. Nous les familiarisons aux problématiques de croissance de plantes qui doivent être optimiser pour l’alimentation humaine. Nous leur expliquons comment les plantes résistent à des attaques par des pathogènes, puisque les plantes ont comme les humains un système immunitaire qui leur permet de résister. Nous les sensibilisons sur toutes ces questions au travers des ateliers. En complément, les deux années précédentes, j’étais intervenue sous la forme d’une conférence auprès du grand public : la première année, pour expliquer la production de biomédicaments à partir de microalgues et l’année dernière, c’était plus pour expliquer comment les chercheurs fonctionnent dans un projet de recherche européen, projet collaboratif avec différents partenaires et comment tout cela est orchestré pour aboutir au meilleur développement possible de la science. L’an passé, nous avions également organisé des ateliers pour les enfants (photo ci-dessous) avec nos collègues anglaises qui contribuaient avec nous à un projet européen appelé Pharma Factory, qui réunissait quatorze partenaires, dont l’objectif était de modifier des plantes ou des microalgues pour leur faire produire des médicaments. Nous avions fait imaginer par les enfants qui visitaient le stand à quoi ressembleraient les plantes du futur, capables de soigner les gens en produisant soit des vaccins, soit des anticorps ou autres molécules médicaments.

 

  • Le laboratoire GlycoMEV aime partager son savoir en participant aux Journées Portes Ouvertes, aux Journées Européennes du Patrimoine, à la Fête de la science… pourquoi est-ce aussi important pour le laboratoire et pour vous ?

Je considère que c’est une de nos missions. Nous sommes soutenus par des financements publics, qui proviennent de l’argent public et donc en partie des impôts payés par les citoyens. Il apparait donc normal de faire connaitre au grand public à quoi sert leur argent dans les laboratoires. Je trouve cela plaisant d’échanger avec les personnes. Cela nous amène à nous questionner sur des sujets auxquels nous n’avions pas forcément pensé ; c’est toujours très enrichissant de pouvoir avoir ces échanges. En plus de ces actions, nous avons aussi accueilli l’année dernière les enfants du centre de loisirs de l’université de Rouen Normandie pour faire des petits ateliers de découverte des sciences en laboratoire. La semaine prochaine, j’anime les forums du savoir à l’hôtel de région Normandie au travers d’une heure de conférence. Suite à la crise du COVID, le grand public est demandeur, de façon plus importante par rapport à avant, d’explications, de compréhension de tout ce qui se fait dans le monde académique. C’est donc d’autant plus important de continuer à mener et développer ce type d’actions.

 

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