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Rencontre avec un enseignant-chercheur de l'Université

Richard Wittorski, professeur des universités en sciences de l’éducation

UFR SHS, Directeur du laboratoire CIRNEF

"Je m'intéresse beaucoup à ce qu'on appelle la professionnalisation, c'est à dire à la façon dont on apprend un métier ; d’une part, par la formation, par exemple en venant à l’université ou dans des écoles ; mais d’autre part, aussi, par l'exercice du travail."

  • Présentez-vous ! Quel est votre rôle au sein de l’université de Rouen Normandie ?

Je suis professeur en Sciences de l’éducation et de la formation. Je donne des cours au département de sciences de l’éducation de l’UFR SHS et j’accompagne aussi des étudiants dans la préparation de leur thèse de doctorat. Je suis par ailleurs directeur du laboratoire CIRNEF, le centre interdisciplinaire de recherche normand en éducation et formation, qui est commun aux universités de Rouen et de Caen. Il comporte 50 enseignants-chercheurs et ingénieurs permanents, 60 associés et environ 70 doctorants. J’y suis également coresponsable d’un des quatre thèmes du laboratoire qui porte sur les questions liées à la formation des adultes et notamment de professionnalisation.

 

  • Sur quels sujets portent vos recherches ?

Mes travaux se situent dans le champ de la formation d’adultes. Je m’intéresse beaucoup à ce qu’on appelle la professionnalisation, c’est à dire à la façon dont on apprend un métier ; d’une part, par la formation, par exemple en venant à l’université ou dans des écoles ; mais d’autre part, aussi, par l’exercice du travail. On sait très bien et depuis longtemps que l’on apprend beaucoup par l’activité au travail. Comme les activités se transforment rapidement, il y a des enjeux de transmission professionnelle et par conséquent, nous nous intéressons du point de vue de la recherche à la façon dont les gens apprennent non seulement en formation, mais aussi au fur et à mesure de l’exercice de leur métier et grâce aux pairs, aux collègues en situation de travail.

 

  • Vous êtes à l’initiative du MOOC « professionnaliser en formation ». Mais avant de parler du contenu, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un MOOC ?

C’est l’acronyme de Massive Open Online Course, ça veut dire un cours massif ouvert et à distance. Si j’ai proposé cette formule entièrement à distance, c’est parce que je partais du constat qu’il y a toute une partie de la population qui ne peut pas partir en formation, parce qu’elle n’en a pas le temps, parce que ce n’est pas financé, ou pour d’autres raisons. Ce MOOC est une sensibilisation, pour des formateurs, des tuteurs, des gens d’entreprises qui s’intéressent aux questions de formation professionnelle. Ils peuvent aller le soir sur FUN Mooc (France Université Numérique) et accéder grâce à ce MOOC, à un certain nombre de contenus mais aussi d’exercices collaboratifs qui leur font prendre conscience et connaissance de ce qu’est la professionnalisation en formation. C’est ouvert du 15 mai 2023 jusqu’au 13 juillet 2023. Entre ces deux dates, tous les contenus sont disponibles. Et pendant cette période , les apprenants ont accès à des forums, où des collègues et moi-même prenons le temps de répondre à leurs questions. Il y a un accompagnement.

 

  • Quel sera le contenu de ce MOOC ?

L’objectif du MOOC est de mieux comprendre comment on apprend un métier par la formation et/ou l’exercice du travail. Comment développe-t-on des compétences ? Comment développe-t-on des apprentissages professionnels ? Le MOOC est composé de plusieurs thématiques. La première porte sur les enjeux et les sens de la professionnalisation. La deuxième semaine concerne les modalités concrètes de professionnalisation : formation magistrale, formation par alternance, formation en situation de travail, etc. Dans la troisième thématique, nous allons évoquer les avantages et les inconvénients de la professionnalisation. Est-ce que tout est bon à prendre ou est ce qu’il y a des risques, des inconvénients, pour les entreprises, pour les salariés, pour les formateurs ? La quatrième thématique porte plutôt sur les travaux de recherche qui concernent la professionnalisation en présentant quelques travaux disponibles. Enfin nous avons une cinquième thématique qui est un approfondissement et une mise en pratique pour ceux qui le souhaitent. Les volontaires se réunissent à distance et mènent un travail d’analyse de leur propre expérience professionnelle selon une méthodologie qu’on leur propose. C’est une façon d’identifier des apprentissages dont ils n’avaient pour la plupart jamais pris conscience, parce qu’ils ne s’étaient jamais posé la question.

Ce MOOC, dont c’est la troisième version cette année, a été conçu dans le cadre d’un partenariat inter-universitaire et international. Il y a évidemment l’URN avec l’UFR SHS et l’INSPE, mais aussi le CAFOC, le centre académique de formation continue du rectorat de Rouen. Et puis nous travaillons avec l’université de Namur en Belgique, l’université de Paris-Cité, anciennement Paris Descartes, l’université de Tours. Il y a une dimension partenariale, interuniversitaire et internationale avec la Belgique.

 

  • Pourquoi est-il intéressant de le suivre ?          

C’est intéressant d’abord pour nos étudiants, parce que ce MOOC a été conçu en lien avec nos Masters au département de sciences de l’éducation de l’UFR SHS et à l’INSPE (mention 4 notamment). Cela vient en complément de leur formation, en libre choix. Le MOOC leur apporte, via des vidéos, des exemples très concrets, avec des témoignages, qu’on n’aborde pas forcément en cours. Pour les étudiants c’est complémentaire. Mais c’est également intéressant pour des professionnels en activité qui cherchent à avoir une vision d’ensemble sur la professionnalisation. Certaines personnes qui ont suivi la formation l’an passé nous ont dit que ça leur permettait de se décentrer, de voir autrement leur trajectoire professionnelle et leur expérience. Par exemple, certains enseignants inscrits à ce MOOC nous ont dit que cela leur permettait de voir comment les choses se passent dans dans des milieux d’activité différents tels le travail social, un EHPAD, etc. C’est une façon de s’ouvrir à d’autres univers professionnels.

 

  • Comment conçoit-on un MOOC comme celui-ci ?

C’est une aventure assez longue mais passionnante. J’avais une petite idée de comment cela pouvait se passer. J’ai proposé à des collègues, notamment des universités de Namur, de Paris-Cité, de Tours, de Genève, de Rennes, de nous réunir. C’est comme cela que nous avons commencé à construire le scénario dans les grandes lignes. Une fois que nous nous sommes mis d’accord sur les grandes thématiques, il a fallu travailler sur le contenu. Qu’est-ce que nous proposons ? Des vidéos ? Des textes ? Est ce qu’on propose quizz, des travaux collaboratifs ? Tout cela se décide en équipe. Il s’avère que nous proposons très peu de textes. Il y a surtout des vidéos, des témoignages, etc. Une fois que nous avons décidé de la forme, il a fallu réaliser des interviews, concevoir des vidéos de témoignage d’exemples de démarches de professionnalisation en rencontrant par exemple un Greta, un réseau d’EHPAD, plus récemment une entreprise comme Schneider Electric. Nous sommes une petite équipe de 8 : trois personnes du département SHS, une personne de l’INSPE, deux personnes du SAPHIRE, une personne du CAFOC et une personne de l’université de Namur. Cela demande beaucoup de travail. D’autant plus que nous modifions les contenus tous les ans en ajustant en fonction des retours que l’on a chaque année de la part des apprenants lors de l’évaluation de leur parcours de formation. Tous les ans, nous essayons de tirer parti et de prendre appui sur l’expérience des années antérieures pour améliorer, pour changer pour varier les choses.

Le MOOC "Professionnaliser en formation"

 

  • Dates : du 15 mai 2023 au 13 juillet 2023
  • Inscription : à cette adresse entre le 6 mars 2023 et le 10 juillet 2023
  • Le site web