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Rencontre avec un personnel de l'Université

Rachel Hébert Lafontaine, chargée d’études biodiversité

Service Développement Durable et Responsabilité Sociétale (DD&RS)

"J’ai envie de nourrir le retour de la biodiversité dans des endroits très urbains. J’ai envie de nourrir le goût de la communauté universitaire pour aller faire quelques pas dans le petit bois sur le temps du midi, aller se raconter qu’ils ont vu un écureuil ou qu'ils ont vu tel type d’oiseaux. Et que, peut-être, dans le nichoir au pied de leur bâtiment, il y aura des bébés."

  • Présentez-vous, que faites-vous au sein de l’université de Rouen Normandie ?

Je m’appelle Rachel Hébert-Lafontaine, je suis chargée d’études biodiversité pour l’université de Rouen Normandie. C’est à dire que je m’occupe de toute la partie territoire des campus et en particulier de la partie non anthropisée, mais aussi parfois, la partie anthropisée. En tout cas je me charge de tout ce qui concerne la biodiversité et la protection de la biodiversité sur ces territoires et, si c’est possible, l’amélioration de celle-ci.

 

  • Qu’est-ce que c’est l’amélioration ou la protection de la biodiversité sur une université ?

C’est faire en sorte d’essayer de multiplier les espèces, multiplier le nombre d’individus au sein même de ces espèces et d’aider à ce que les populations elles-mêmes se portent bien. Les espèces, ce sont à la fois végétales et animales. Je suis, par exemple, en train de travailler sur un projet de prairies fleuries où l’idée est d’apporter tout un panel de fleurs pour les pollinisateurs sauvages, afin de multiplier les espèces botaniques, mais aussi multiplier les espèces d’insectes. Et ce sera suivi par la multiplication des espèces qui mangent les insectes, les oiseaux en particulier. On a aussi travaillé sur un gros projet de déploiement de nichoirs. On en a 80 maintenant sur les campus de Mont-Saint-Aignan et du Madrillet. Cela a notamment permis que deux espèces d’oiseaux reviennent nicher sur les campus.

 

  • Les nichoirs sont installés depuis presqu’un an. Comment on travaille au quotidien autour de cette problématique ?

Dans le protocole de suivi, il y a deux éléments majeurs. Il y a le suivi concret à la période de reproduction. Je vais avec mes jumelles passer cinq minutes par nichoir et par mois au lever du soleil. Et j’observe s’il y a des allers retours. Clairement quand il y a une nichée ou quand ils sont en train de préparer un nid, les adultes font beaucoup d’allers-retours sur cinq minutes et statistiquement, cela veut dire qu’on a la chance d’avoir un nid. À la fin du Printemps, j’avais déjà une bonne vue de ce qui était occupé. La deuxième grosse étape de suivi, c’est au moment de l’entretien, en ce moment. On y va avec une collègue, on descend chaque nichoir, on le vide de son contenu, on le nettoie et on le remet. Le contenu donne beaucoup d’indications sur les oiseaux. On apprend, s’il a été occupé. Si c’est le cas, on en sait plus sur les espèces qui les ont occupés, et aussi sur les conditions de l’occupation. Par exemple, s’il y a eu des œufs et des couvées qui n’ont pas éclos. Parfois, il arrive de trouver des petits cadavres, mais l’essentiel du temps, on peut dire qu’il y a eu des couvées qui se sont envolées. Ensuite, la manière dont le nid est fait ou les petites plumes qu’on trouve donnent des indications sur l’espèce qui a occupé le nid. Parfois, on a même d’autres types de plumes qui ont été utilisées pour faire le nid, ce qui permet de savoir qu’il y a d’autres espèces qui fréquentent le territoire.

 

  • En termes d’espèce, qu’est-ce qu’on retrouve à l’URN ?

Dans les nichoirs du Madrillet, ce qu’on a eu ce sont des mésanges. Sur Mont-Saint-Aignan, il y a des mésanges bleues et des mésanges charbonnières. En termes de petits animaux sympathiques, il y a aussi les écureuils. Il y en a pas mal qui habitent au Madrillet. Et puis il y a Roubert, l’écureuil du campus de Mont-Saint-Aignan qui vit dans le petit bois et qui m’accueille quand je viens très tôt au suivi. Au début il se tenait très loin et il montait tout de suite dans les arbres. Maintenant il vient de plus en plus près, à deux mètres. Il niche dans le petit bois et l’hiver quand il n’y a plus de feuilles dans les arbres, on peut voir son gros nid en boule.

 

  • Constatez-vous un intérêt pour la biodiversité de la part des étudiants de l’URN ?

L’intérêt est croissant. Surtout au niveau des étudiants en biologie, les étudiants du laboratoire ECODIV. Je travaille avec eux, en particulier sur la prairie fleurie. Ils ont été incroyables. Ce sont des étudiants qui ont gagné le concours [Ré]Agir. Ils ont fait les inventaires, ils ont fait tout le plan de gestion, ils se sont transmis le dossier d’une année sur l’autre, ce qui est ce qui n’est pas si courant. Au printemps, je propose aussi des animations pour visiter le campus. J’utilise les nichoirs pour créer un petit tour et souligner les quelques spécificités ou centres d’intérêt qu’il peut y avoir en termes de biodiversité. La dernière chose qu’on fait, c’est qu’on travaille avec le laboratoire écologie à un projet secret, mais que je livre en partie. Ce sera une sorte de chasse aux indices, une sorte de Pokémon GO sur la biodiversité sur les campus qui s’adresserait aux étudiants.

 

  • Quelle serait ou quelle sera l’étape suivante pour aider la biodiversité à l’URN ?

J’ai envie de répondre une mare. Je suis en train de travailler sur ce projet qui en est à ses balbutiements, mais Mont-Saint-Aignan manque cruellement de points d’eau et de zones humides. Comme il reste quelques territoires sur lesquels ce serait possible, je suis en train de travailler avec la métropole pour essayer de compléter le panorama. Sinon, ce que j’essaie d’instaurer cette année, c’est de travailler avec tous les campus de l’URN, même avec Martainville ou Pasteur qui sont en plein centre-ville, très anthropisés ,très artificialisés. Mais il faut néanmoins essayer de passer outre ces grosses contraintes et accompagner tous les campus.

 

  • Comment on en arrive là, à gérer la biodiversité dans une université ?

En se disant que si personne n’y va, rien ne sera fait. Quand on a ces compétences-là, c’est presque facile d’aller travailler dans des magnifiques parcs naturels où il y a déjà plein de choses qui sont déjà sous cloche et qu’on protège déjà. Alors que quand il n’y a pas grand chose, les gens, les collectivités ou les services publics ont tendance à laisser tomber l’idée de protéger. Mais moi, j’ai envie de nourrir le retour de la biodiversité dans des endroits très urbains. J’ai envie de nourrir le goût de la communauté universitaire pour aller faire quelques pas dans le petit bois sur le temps du midi, aller se raconter qu’ils ont vu un écureuil ou tel type d’oiseaux et que peut-être que dans le nichoir aux pieds de leur bâtiment, il y aura des bébés. C’est aussi une manière de faire le lien avec les gens de Mont-Saint-Aignan. Il y a des gens qui promènent leur chien et qui m’ont envoyé des emails avec ce qu’ils voyaient dans les nichoirs pour me tenir au courant. C’est super chouette !

 

  • Vous travaillez au sein du service Développement Durable et Responsabilité Sociétale (DD&RS), quel est son rôle ?

Le service DD&RS accompagne les fonctions et les missions de base de l’université qui sont à la fois la formation et la recherche. Pour la recherche, on regarde quelles sont les thématiques qui sont en lien avec le développement durable ou les ODD (Objectifs de Développement Durable). Mais aussi de quelle manière fonctionnent les laboratoires, comment ils pourraient faire pour avoir une empreinte moindre. Sur les questions de formation, on est plus sur comment injecter la question du développement durable à la fois dans toutes les pratiques d’enseignement mais aussi dans le contenu de ce qui est enseigné. Et puis, le dernier accompagnement qui se fait au quotidien pour nous, c’est la vie de campus. Les questions de mobilité, la question de la gestion des déchets, la question de la qualité de vie au travail et bien sûr, la question de la gestion des territoires et de la biodiversité. Comment avoir un moindre impact ? Comment faire revenir la biodiversité ? Et c’est là que j’interviens.

En savoir plus

Le site T.URN du service Développement Durable et Responsabilité Sociétale