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Rencontre avec une stagiaire

Marine Montesinos, stagiaire au laboratoire CETAPS

Stagiaire au laboratoire CETAPS

"Au travers de mon éducation, je n’ai pas eu de notions « genrées » des pratiques, j’ai pu aller vers le sport qui me plaisait peu importe son association à un genre ou un autre. Je ne peux pas dire que je n’ai pas vécu de comportements sexistes dans ma pratique mais plutôt que de me freiner, ils m’ont renforcée et stimulée."

  • Présentez-vous. Quel est votre parcours universitaire et sportif ?

J’ai un parcours sportif assez spécial. Étant dans une famille de sportifs, j’ai pratiqué beaucoup de sports notamment de pleine nature dès mon plus jeune âge. Je suis également ceinture noire de judo, qui a pendant longtemps été mon sport principal.
C’est seulement au début du lycée que j’ai vraiment découvert le skateboard et je me suis très vite orientée vers une pratique de « transition », c’est-à-dire en rampe ou en bowl*.
Vivant mes passions à fond, je suis « multi-casquettes » dans ma pratique. Je me suis assez vite intéressée à la vie associative en étant bénévole lors de l’organisation de contests (tournois de skateboard, ndlr) ou pour des cours de skateboard (j’ai passé mon Brevet d’Initiateur Fédéral à 16 ans) puis en tant que membre du bureau directeur du skatepark de Grenoble, dont je viens de prendre la présidence en décembre 2021. J’ai également un diplôme de juge national.
J’ai pratiqué la compétition jusqu’à obtenir un titre de vice-championne de France en 2017. Seulement, l’année suivante, les calendriers n’étant pas compatibles, j’ai dû faire le choix d’arrêter la compétition au profit de mes études. Je participe toujours à des contests internationaux aux travers de mes voyages.
Au niveau universitaire, j’ai fait une licence STAPS en entrainement sportif, avec la spécialité skateboard. M’intéressant au milieu de la recherche, j’ai ensuite continué en master STAPS recherche. Pour compléter ma formation, j’ai eu l’opportunité de faire cette année un master en Géographie, Aménagement, Environnement et Développement.

 

  • Championne de skate-board, pouvez-vous expliquer votre discipline et votre figure préférée ?

Je pratique le skateboard dans la discipline « Bowl ». Celle-ci se pratique dans des structures similaires à une cuve ou une piscine avec des parois arrondies. On a par exemple pu voir une sous-discipline du bowl aux Jeux Olympiques qui est appelée le « Park Terrain ».
Le bowl peut être de plein de formes différentes, celle que je préfère est la « Pool » qui est une forme inspirée des piscines californiennes.
Ma figure préférée s’appelle le millerflip, qui consiste en une rotation à 360 degrés en posant la main sur la partie supérieure du bowl.

 

  • Pourquoi avez-vous choisi le laboratoire du CETAPS pour effectuer votre stage de recherche ?

Les recherches sur le skateboard dans les sciences humaines et sociales m’intéressant, j’ai contacté Charly Machemehl pour travailler avec lui sur cette thématique. Il m’a alors proposé un stage au CETAPS sur le développement du skateboard féminin, soutenu par la Fédération Française de Roller et Skateboard (FFRS).

 

  • En quoi consiste votre travail de recherche ?

En mars 2020, je devais partir à la California State University, East Bay, department of Kinesiology, à Hayward (proche de San Francisco) pour faire un stage de recherche sur le sujet « les skateboardeuses et les Jeux Olympiques » avec Becky Beal. En raison de la situation sanitaire et de la fermeture des frontières, je n’ai pas pu réaliser ce stage. C’est alors que j’ai rédigé mon premier mémoire sur le skateboard féminin (en lien avec l’inclusion olympique).
Actuellement, je m’intéresse au développement du skateboard féminin, notamment en France. Ce travail s’intègre dans la construction d’un projet de thèse dont le but serait de comprendre l’histoire, la culture, la sociologie du skateboard féminin en France afin de mettre en place des initiatives cohérentes et qui pourront perdurer dans le temps. Pour moi, il est nécessaire de savoir à qui on s’adresse si on veut avoir un impact. C’est donc un travail de recherche – action dans le but d’accompagner des progrès sociaux dans le domaine de l’égalité de genre dans les pratiques sportives et de loisirs.

 

  • Est-ce que le travail de recherche et votre pratique sportive sont deux choses différentes ou est-ce que les deux s’enrichissent ?

Pour moi, elles s’enrichissent. Les recherches en sciences humaines et sociales sur le skateboard nécessitent une connaissance poussée de la culture. Je pense que sans cela, il y a plein de données qu’il est difficile d’assimiler et d’analyser ou qu’on ne perçoit pas.
C’est aussi une culture très riche et variée qui demande du temps pour la connaitre et c’est en étant sur le terrain et au travers d’une transmission de savoir entre pratiquants que cette connaissance se développe.
D’un autre côté, mes recherches me permettent de mieux comprendre les comportements dans le monde du skateboard et sur les skateparks et comment le faire évoluer, notamment sur les questions de genre.

 

  • Comment vous voyez les rapports homme-femme ? Comment l’avez-vous vécu dans votre pratique ?

Comment je vois le rapport homme-femme, c’est un sujet sur lequel je peux parler pendant des heures… je dirais qu’il reste encore du chemin à faire, mais avant tout que je vois beaucoup d’évolutions et qu’il est important d’en parler.
Au travers de mon éducation, je n’ai pas eu de notions « genrées » des pratiques, j’ai pu aller vers le sport qui me plaisait peu importe son association à un genre ou un autre. Je ne peux pas dire que je n’ai pas vécu de comportements sexistes dans ma pratique mais plutôt que de me freiner, ils m’ont renforcée et stimulée.
Avant tout, il est maintenant important de rendre ces lieux, ces pratiques accessibles à tous, sans que personne ne se sente en marge de la pratique.

 

  • À l’issue de votre stage au CETAPS, quel est votre projet universitaire, professionnel ?

Dans la continuité de mon sujet de stage, nous avons pour projet de continuer sur une thèse portant sur les femmes et la pratique du skateboard.