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Rencontre avec une docteure en géographie

Élise Autrive, docteure du laboratoire IDEES

« Le doctorat donne la possibilité d'approfondir nos connaissances sur un sujet qui nous anime et de se former un esprit critique sans contraintes »

  • Le 3 juin 2022, vous participerez à la cérémonie de remise de diplôme de doctorat organisée par Normandie Université qui honore, tous les ans, l’ensemble des docteurs normands. Pouvez-vous revenir sur votre parcours et sur vos motivations pour réaliser une thèse ?

J’ai réalisé toutes mes études à l’université de Rouen Normandie. Après une licence de Géographie, j’ai poursuivi mes études avec le Master 1 Analyses territoriales en environnement et santé à l’UFR Lettres et sciences humaines puis par un Master 2 Recherche. Lors de mon stage de M2, j’ai eu l’opportunité de partir en Guyane française. L’objectif était de travailler sur l’accès aux soins et au droit à la santé des populations vulnérables de l’Île de Cayenne. Il s’agissait de mieux comprendre l’organisation des soins de santé et les déterminants de l’accès aux soins de santé des populations vulnérables, notamment migrantes. Le sujet m’intéressait, j’ai eu envie de l’approfondir et le doctorat s’avérait un prolongement naturel.

  • Comment avez-vous financé votre thèse ?

Sophie de Ruffray, la directrice de l’UMR IDEES et Emmanuel Eliot, mon directeur de thèse m’ont accompagnée sur la définition de mon sujet qui est devenu “Territorialisation sanitaire et accès aux soins de santé primaire pour les populations vulnérables de la communauté d’agglomération de Cayenne (Guyane Française) : une approche par l’analyse de réseau.”. Ils m’ont guidée pour obtenir une allocation doctorale ministérielle. J’ai ainsi pu me consacrer pleinement à mes recherches pendant trois ans, puis effectuer deux années supplémentaires.

  • Comment s’est déroulée votre thèse et quelles ont été vos relations avec votre laboratoire d’accueil ?

À partir de 2016, je suis allée chaque année passer plusieurs mois en Guyane pour mener mes recherches. Au départ, je n’avais pas de contacts sur place, à part ceux tissés lors de mon stage. Je me suis progressivement rapprochée de la Croix-Rouge Française et de Médecins du Monde, qui agissent pour les populations vulnérables et migrantes sur place. Ces acteurs de santé m’ont accueillie et j’ai eu la chance de travailler avec eux pour mener à bien une partie de mon travail de “terrain”. À l’issue de mes missions en Guyane, je revenais au laboratoire IDEES (équipe CNRS multisite présente à Rouen, Caen et Le Havre), sur le campus de Mont-Saint-Aignan. En tant que doctorant, on est complètement intégré à l’unité de recherche, nous participons à la vie du laboratoire. Nous bénéficions d’un accompagnement très bienveillant et nous pouvons solliciter le soutien des enseignants-chercheurs et des ingénieurs d’études. C’est très important pour un travail de thèse qui dure plusieurs années. Tous les doctorants partagent une salle commune, cela permet de ne pas être isolé et de s’entraider pendant les moments de découragement qu’on connaît tous. La cohésion d’équipe est primordiale. J’ai aussi l’opportunité de donner des cours et j’ai beaucoup apprécié travailler avec Emmanuel Eliot, mon directeur de thèse.

  • Que retirez-vous de votre doctorat ?

Mes années universitaires comptent parmi les meilleures années de ma scolarité et de ma vie. Le doctorat donne la possibilité d’approfondir nos connaissances sur un sujet qui nous anime et de se former un esprit critique sans contrainte. Faire une thèse, ce n’est pas rester derrière un ordinateur pendant trois ans ou plus ! En Sciences Humaines et Sociales, on se confronte au terrain pour récolter des données, pour fonder une méthodologie, et procéder à un travail d’analyse. On développe également des compétences annexes en matière d’organisation, de gestion de projet, de rédaction. Dans ma discipline, on comprend les politiques publiques et leurs impacts sur le territoire et les populations. Les entreprises françaises méconnaissent parfois le doctorat, ce qui peut rendre l’insertion professionnelle délicate. De plus, il faut bien reconnaître que les postes dans les milieux académiques sont très concurrentiels.

  • Que devenez-vous depuis votre doctorat ?

Depuis novembre 2021, j’occupe un poste de création et de coordination d’un réseau de santé sur un projet financé par l’Agence régionale de santé de Normandie (ARS) et la Métropole Rouen Normandie.  Il s’agit de monter sur les 71 communes de la métropole un réseau de professionnels de soins de santé investis sur les thématiques que regroupe la santé sexuelle.  J’effectue un diagnostic territorial des besoins et j’identifie les acteurs de soins de santé volontaires pour travailler en collaboration. L’objectif est de fluidifier et faciliter la prise en charge des populations sur plusieurs thématiques comme le soin et la prévention concernant des pathologies en lien avec la sexualité ou encore la lutte contre les discriminations et les violences. Il s’agit de créer des outils pour favoriser ce travail en réseau et d’organiser des temps de sensibilisation pour et avec les professionnels du territoire. J’apprécie dans mon travail d’être à la croisée entre les politiques publiques et les besoins des acteurs de terrain et des populations, comme pendant mon doctorat.