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Rencontre avec un enseignant-chercheur de l'Université

Damase Mouralis, directeur de l’école doctorale Homme, Sociétés, Risques, Territoire

Professeur des universités en géographie, UFR LSH

"Les doctorants sont le cœur de nos laboratoires. J’irai même jusqu’à dire qu’ils sont le cœur nucléaire de nos laboratoires puisque bien souvent une grande partie de l’activité de recherche se réalise autour des thèses."

  • Présentez-vous ! Quel est votre rôle au sein de l’université de Rouen Normandie ?

Je suis Damase Mouralis. Je suis professeur des universités à l’unité mixte de recherche CNRS IDEES (UMR 6266) qui est un laboratoire de recherche pluridisciplinaire (et plurisite : Caen, Le Havre et Rouen) en Sciences humaines et sociales. Je suis également directeur de l’une des quatre écoles doctorales du pôle sciences humaines et sociales. C’est une école pluridisciplinaire qui traite à la fois des problématiques en lien avec les sciences de l’éducation, les sciences du sport, la psychologie, la sociologie et la géographie.

 

  • Quels sont vos sujets de recherche principaux ?

Je suis professeur dans un département de géographie et mes recherches se rattachent à ce que nous appelons traditionnellement la géographie physique. C’est-à-dire que je m’intéresse à la compréhension des paysages, à leur mise en place et à leur évolution. Au contact d’archéologues, nos travaux s’intéressent aux paysages du passé et aux relations que les sociétés anciennes ont entretenues avec leur environnement et la manière dont elles ont progressivement construit leurs paysages. Nous tentons de décrypter comment les paysages actuels sont les produits d’une longue évolution et comment ils se sont modifiés sous l’effet des contraintes environnementales « naturelles » ou sous l’action des sociétés humaines.

De par ma formation en géomorphologie, j’ai été amené à travailler en Asie occidentale, en particulier en Turquie sur des environnements en domaine volcanique, ce qui m’a permis de retracer les échanges et les transferts de matières premières depuis la préhistoire. Pour arriver à ces conclusions, au laboratoire IDEES, nous réalisons des analyses pétrographiques et géochimiques afin d’essayer de caractériser les matériaux. Nous travaillons pour cela en transdisciplinarité avec des collègues de différentes disciplines : géographes, informaticiens, géochimistes ou archéologues.
Ensemble, nous construisons un objet et une interrogation à l’intersection de tous ces champs disciplinaires.

 

  • Vous êtes directeur de l’école doctorale Hommes, Sociétés, Risques, Territoire. Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est exactement une école doctorale ?

Rappelons tout d’abord que le doctorat est un élément essentiel de nos structures de recherche et de nos établissements d’enseignement supérieur. Les universités sont les seules à avoir la possibilité de délivrer ce diplôme. C’est une spécificité, ce qui fait notre différence par rapport aux autres acteurs de l’enseignement supérieur.

Réaliser un doctorat, constitue un moment intellectuellement excitant qui va permettre à l’étudiant d’approfondir une idée, un terrain, un questionnement pendant une longue période (3 ans, souvent plus). Il va travailler et réorienter le sujet tout au long de sa thèse et parfois l’aboutissement va être différent de ce que le doctorant et son directeur de thèse avaient prévu initialement. C’est un diplôme qui sanctionne une capacité à réaliser une recherche inscrite à la fois dans un réseau scientifique, mais également de manière autonome.

C’est un parcours de trois à quatre années qui demande de faire preuve de curiosité pour mener à terme cette maturation intellectuelle. C’est un parcours très sélectif, bien que peu valorisé à sa juste mesure en France auprès des employeurs, contrairement à l’Allemagne ou l’Angleterre qui considèrent ces doctorants comme les élites du monde économique et politique.
À mon sens, c’est un parcours passionnant. Les écoles doctorales sont un élément essentiel dans cette organisation. Elles ont pour mission l’accompagnement des doctorants vers leur insertion professionnelle à l’issue de leur formation doctorale et elles regroupent des doctorants d’un même domaine scientifique pouvant être issus de plusieurs établissements.

 

  • Quel est l’intérêt que ces écoles doctorales normandes soient mutualisées entre toutes les universités normandes (Rouen, Caen, Le Havre) ?
    N’est-ce pas trop dur de travailler en collaboration ?

Les écoles doctorales ont des champs disciplinaires qui sont représentés par des laboratoires. Ces derniers ont souvent des multi-tutelles avec le CNRS ou l’Inserm par exemple.
Très vite les chercheurs ont trouvé une logique à se regrouper pour travailler ensemble. Nous avons besoin de travailler conjointement, d’être en réseau. Si nous prenons l’exemple de la géographie, nos étudiants sont inscrits en doctorat à l’université de Rouen Normandie, sont suivis par des géographes de Rouen et ils peuvent aussi être amenés à réaliser une partie de leur analyse dans un laboratoire caennais. Le niveau doctoral s’accompagne facilement et je dirai même logiquement de cette complémentarité. Cela fonctionne relativement bien et en bonne intelligence entre les différents acteurs.

 

  • Au niveau de l’école doctorale Hommes, Sociétés, Risques, Territoire, quels sujets traitez-vous ?

Les sujets abordés par nos doctorants sont nombreux : sciences de l’éducation, sciences du sport, sociologie, psychologie, géographie et toutes ces disciplines sont par principe pluridisciplinaires. En STAPS par exemple, un doctorant peut traiter des aspects très sociologiques de la discipline pendant que l’un de ses camarades va s’intéresser à la biomécanique.
Il y a une grande diversité de sujets. La spécificité de notre école doctorale, c’est cette capacité à avoir un double regard et des approches complémentaires sur des sujets liés avec des questions qui renvoient aux sciences humaines et des méthodes souvent associées aux sciences expérimentales

 

  • Le 31 mars 2023, c’est la remise des diplômes des doctorants. En quoi est-ce important d’avoir une cérémonie qui marque cette fin d’étude ?

Si la soutenance est ouverte au public, elle se fait bien souvent entre le doctorant et le jury, dans un cadre qui peut sembler « fermé » alors même que ces jeunes ont consacré trois à quatre ans de leur vie à un sujet. C’est le diplôme le plus élevé de l’enseignement supérieur et de la recherche, c’est important de le donner à voir et de remettre de diplôme dans le cadre d’une cérémonie de cette nature.

Les doctorants sont le cœur de nos laboratoires. J’irai même jusqu’à dire qu’ils sont le cœur nucléaire de nos laboratoires puisque bien souvent une grande partie de l’activité de recherche se réalise autour des thèses. La cérémonie proposée par Normandie Université vient rappeler l’importance du travail entrepris pour les doctorants, l’importance des recherches pour nos laboratoires et vient sanctionner le plus haut diplôme délivré par les établissements d’enseignement supérieur. Il est essentiel de le faire savoir et le faire connaître.