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Rencontre avec un personnel de l'Université

Garance Lefranc, chargée de projets DD&RS

Institut T.URN

"On ne va pas parler du développement durable de la même manière à un étudiant qu'à un personnel administratif ou enseignant chercheur. Il faut comprendre quels sont les leviers d’action en fonction de la personne qu'on cherche à convaincre."

  • Présentez-vous ! Quel est votre rôle au sein de l’université de Rouen Normandie ?

Je m’appelle Garance Lefranc et je suis chargée de projets sur de nombreuses thématiques en lien avec le développement durable et la responsabilité sociétale, au sein de l’Institut T.URN. Je travaille à la fois sur la gestion des déchets non dangereux, le numérique, les achats responsables ou la mobilité internationale, qu’elle soit étudiante ou professionnelle. L’idée est de pouvoir réduire les impacts environnementaux des pratiques, à la fois de l’université, en tant qu’établissement, mais aussi de manière individuelle vis-à-vis des agents. Je travaille beaucoup avec d’autres services. Par exemple, quand je dis que je travaille sur les achats responsables, cela se fait en lien avec le service des achats publics car personnellement, je ne suis pas formée dans ce domaine. Moi j’ai le regard « impacts sociaux et environnementaux », eux ont la compétence « marchés publics » et ensuite, nous essayons de voir comment nous pouvons faire fonctionner les deux ensembles. L’avantage que j’ai, c’est que dorénavant il y a de plus en plus de lois qui encadrent les pratiques DD&RS et j’arrive donc dans une période où il est plus facile qu’avant de travailler sur ces sujets-là.

 

  • Comment arrivez-vous à gérer une multitude de sujets différents ?

Avec une multitude de cerveaux ! Plus sérieusement, je pense que c’est ce que j’aime dans mon travail : pouvoir toucher à tout et travailler sur des sujets très différents. Et en même temps cela me fait parfois des nœuds au cerveau. Finalement, avoir plusieurs thématiques, c’est un défi mais c’est ce qui donne du sens à mon travail car je sais que j’agis pour le bien commun.

 

  • L’URN revendique être l’Université des transitions. Ressent-on plus de pression quand on travaille sur ces sujets ?

Je ne dirais pas que c’est une pression. Au niveau politique, sur la vie de campus notamment, on a une certaine marge de manœuvre dans ce qu’on peut faire et dans ce qu’on peut proposer. Par contre, je pense que je me mets la pression moi-même par rapport aux enjeux et à l’état actuel de la planète.

 

  • A-t-on vraiment besoin d’être passionné pour travailler au quotidien sur ces sujets ?

Oui totalement ! Il faut l’être à la fois environnementalement et socialement. Pour moi, les deux sont insécables car nous évoluons tous sur le même espace. Pour travailler dans ce métier, je pense qu’il faut être convaincu afin d’avoir la force de construire des projets. Ils ne sont pas forcément faciles et si on n’est pas convaincu, on peut vite abandonner. Dans une université on travaille à la fois à destination des étudiants, un public plutôt jeune, des enseignants chercheurs, des personnels administratifs. On travaille aussi sur plusieurs sites, plusieurs campus, plusieurs villes. Donc il faut être passionné et convaincu pour ne pas quitter le navire.

 

  • Comment faites-vous pour intéresser et convaincre à la fois étudiants et personnels ?

Il y a deux leviers principaux. Le premier est de toujours savoir à qui on s’adresse et d’adapter ses arguments en fonction de la personne qui est en face. On ne va pas parler du développement durable de la même manière à un étudiant qu’à un personnel administratif ou enseignant chercheur. Il faut comprendre quels sont les leviers d’action en fonction de la personne qu’on cherche à convaincre. Le deuxième levier est d’avoir l’appui de sa direction et une stratégie qui permette d’appuyer la démarche. Quand ces deux leviers sont réunis, il n’y a plus rien qui peut nous arrêter.

 

  • Concrètement, qu’avez-vous mis en place dans le cadre de votre travail ?

Dans les exemples récents, je peux parler de la gestion des déchets. On a mis en place, en janvier de cette année, la collecte des biodéchets à l’INSPE. Les biodéchets c’est tout ce qui est épluchures, restes alimentaires, tout ce qui est compostable. Il va y avoir une obligation légale à partir de janvier 2024 mais nous anticipons. J’ai aussi organisé deux visites du SMEDAR, le Syndicat Mixte d’Élimination des Déchets Arrondissement de Rouen. Il y a eu 40 personnels de l’Université qui ont participé. Nous organisons la même chose pour le campus d’Evreux en avril. Il y a 30 places et tout a été réservé en une demi-journée. On voit que ce sont des sujets qui intéressent.

 

  • D’après vous, pourquoi est-ce essentiel pour une université, d’autant plus publique, de se positionner sur ces questions-là ?

Les universités sont quand même les lieux où se retrouvent la majorité des gens après le bac. Elles ont donc un rôle essentiel dans l’éducation des citoyens. En plus, via la recherche, elles ont aussi les moyens de faire avancer la société et de trouver des solutions. Formation plus recherche, au niveau stratégique, c’est très important pour construire la société qui permettrait de faire face à ces enjeux socio-environnementaux. Et une université comme la nôtre, avec plusieurs campus, des gens de tous les âges, de toutes les fonctions, avec quasiment tous les métiers… c’est un territoire d’expérimentation qui est hyper intéressant et qu’on ne trouve pas ailleurs.