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Rencontre avec une enseignante-chercheuse de l'Université

Imen Turki, océanographe en physique du littoral et risques climatiques et côtiers

Maîtresse de conférences / Laboratoire M2C

« En tant que professeure, ma responsabilité envers le public s'exerce à travers une articulation étroite entre la production de connaissances scientifiques, l'enseignement et leur diffusion auprès de la société, y compris les acteurs côtiers tels que ceux présents en Normandie. »

Publié le 17/12/2025

  • Présentez-vous ! Quel est votre rôle au sein de l’université de Rouen Normandie ?

Je m’appelle Imen Turki et je suis océanographe physique et ingénieure côtière. J’ai une grande expérience dans les approches numériques, stochastiques et basées sur la télédétection de l’hydromorphodynamique côtière et littorale. Après de premiers travaux de recherche doctorale à l’IH Cantabria sur la variabilité climatique, les événements extrêmes et la modélisation côtière, et un poste de post-doctorant avec CNES-JPL/NASA axé sur les missions satellitaires et l’hydrodynamique côtière, je suis actuellement professeure associée (depuis 2015) et chercheuse senior (HDR, accréditation pour mener des recherches depuis 2022) à l’université de Rouen Normandie au sein du laboratoire M2C (Morphodynamique continentale et côtière). Mes recherches portent sur la dynamique côtière et les risques littoraux en réponse à la circulation atmosphérique à grande échelle dans un contexte du changement climatique. J’intègre la modélisation multi-échelle et les observations multi-capteurs dont l’approche spatiale satellitaire. J’ai coordonné et contribué à différents projets nationaux et internationaux, supervisé des chercheurs doctorants et postdoctorants, publié plus de 50 articles évalués dans des journaux impactés ; j’ai mené des différents responsabilités  via mon fort engagement  à l’échelle de l’établissement, l’échelle national du CNRS-INSU, mais aussi à international.

 

  • Quels sont vos sujets d’étude et de recherche ?

Professeure associée à l’université de Rouen Normandie et chercheuse senior à l’UMR 6143 du CNRS Morphodynamique continentale et côtière, je suis experte dans le domaine des risques naturels et de l’évolution du littoral sur la base de modèles numériques et de techniques de télédétection. Grâce à ma longue expérience dans différents instituts de recherche, j’ai acquis une expertise dans l’étude des systèmes littoraux en réponse aux forçages climatiques et anthropiques pour une meilleure gestion des risques et promouvoir l’évolution multi-échelle des littoraux et leur résilience. Ceci est mis en place via le développement des techniques avancées de modélisation numérique et de l’observations spatiale en collaboration avec des réseaux internationaux.

En tant que membre de la « Science Definition Team » de la nouvelle mission SWOT  (CNES-NASA/JPL) et aussi co-porteuse des applications côtières, avec d’autres collègues, notamment au M2C, j’ai également apporté de nouvelles perspectives liées à l’océanographie physique dans le cadre de cette nouvelle mission pour les systèmes d’interface. Récemment, j’ai pu obtenir du bureau du ministère de la transition écologique et du développement durable, la mission de membre experte de la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO pour la résilience côtière face au changement climatique. Je suis également membre experte du comité international de la Décennie.

 

  • Quelle est votre implication dans les projets portés par l’alliance Ingenium ?

Dans le cadre de l’Alliance INGENIUM, je suis très impliquée dans plusieurs Work Packages (WP) grâce au développement de plusieurs actions innovantes depuis 2023, en collaboration avec différentes universités INGENIUM, notamment les universités UNIOVI et MTU, tant pour des activités pédagogiques que de recherche.

En ce qui concerne les activités pédagogiques, je travaille dans plusieurs domaines. Je suis coordinatrice du master conjoint SMaC2 (Smac-square) tiré du work package 4 en gestion maritime durable et conservation du littoral (Sustainable Maritime Management and Coastal Conservation) avec les partenaires INGENIUM et l’équipe responsable à l’URN (vice-président, directeurs de composantes, département Geosciences). Je suis aussi membre du Conseil doctoral européen INGENIUM (WP6) : Pathways pour le développement durable. Par ailleurs, je suis coordinatrice du projet IMECE (action INGENIUM pour les programmes éducatifs organisés par l’URN-Rouen – PSM-Oviedo ; PI, E.I. Turki). Enfin, je travaille en partenariat au projet V²MoNu (Vérification et Validation de Modèles Numériques, organisé par l’URN-Rouen- UNIOVI ; Jorge Brande de Motta).

En ce qui concerne les activités de recherche, je travaille dans plusieurs domaines. Je supervise le projet de doctorat MaRRine (directeurs : I. Turki, J. Réveillon et J. De Motta),

Ce projet (Assessing Maritime-coastal Risks and developing innovative technologies for Resilient systems in response to Climate Change) vise à développer une approche multidisciplinaire pour étudier la réponse des systèmes maritimes et côtiers au changement climatique et développer des solutions innovantes basées sur la nature. Le projet est mené en collaboration avec l’université d’Oviedo, l’école polytechnique de Mieres (PSM ; M. López Gallego, Espagne) et l’université MTU de Cork, avec le centre de recherche Halpin du National Maritime College of Ireland. Dans le cadre de cette action doctorale européenne, le doctorant Mayowa Basit Abdulsalam effectuera un séjour de recherche de six mois à l’université d’Oviedo (UNIOVI) et d’une semaine à l’université MTU. Je coordonne également le projet de recherche MARS-C (INGENIUM for a Resilient and Sustainable Climate: Research and Educational Framwork) qui est développé entre trois universités INGENIUM et vise à construire une vision européenne intégrative réunissant plusieurs critères d’innovation, d’interdisciplinarité et de transnationalité. Il est organisé par l’Université de Rouen Normandie, en collaboration avec l’université d’Oviedo, l’école polytechnique de Mieres (PSM) en Espagne et l’université MTU à Cork, avec le centre de recherche Halpin du National Maritime College en Irlande.

 

  • Dans le cadre des rencontres organisées à l’URN, les 10 et 11 décembre derniers, portant sur le développement de nouveaux cours et programmes conjoints entre les Universités de l’Alliance INGENIUM liés à la thématique DDRS, quels enseignements majeurs sont ressortis de ces groupes de travail ?

Les unités d’enseignement concernées portent principalement sur les effets du changement climatique sur les systèmes environnementaux,  la vision du développement durable des systèmes environnementaux et leur résilience face aux conditions du changement climatique, et l’évaluation des risques naturels et les différents outils nécessaires pour étudier leurs impacts

Dans ce contexte, le master SMaC2 s’est révélé très attractif et intéressant, avec une structure et des résultats fructueux, selon les commentaires de tous les partenaires INGENIUM. Ce master se concentre sur les quatre éléments différents abordés.

 

  • En tant que professeure, comment s’exerce votre responsabilité vis-à-vis des publics sur les enjeux du développement sociétal et du développement durable ?

En tant que professeure, ma responsabilité envers le public s’exerce à travers une articulation étroite entre la production de connaissances scientifiques, l’enseignement et leur diffusion auprès de la société, y compris les acteurs côtiers tels que ceux présents en Normandie. Mes recherches portent sur la dynamique côtière, les risques naturels et les impacts du changement climatique, avec une attention particulière portée aux questions du développement durable et de l’adaptation des territoires côtiers. Cette responsabilité se traduit par des échanges constants avec les autorités publiques régionales et les organisations privées (par exemple, DREAL, Agence de l’eau, DGALN, ROL Hauts-de-France, GIP Seine Aval, Syndicat Mixte de la Seine Maritime), ainsi qu’avec les institutions nationales (INSU, CNES). La vulgarisation et la médiation scientifiques jouent également un rôle central dans mes activités, notamment à travers ma participation à des événements internationaux tels que l’UNOC3 (Conférence des Nations Unies sur les océans). Je suis aussi impliquée dans le réseau international WICGE (Women in Coastal Geoscience & Engineering).