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Rencontre avec une enseignante-chercheuse de l'Université

Narimane Mati-Baouche, laboratoire Glyco-MEV

Enseignante-chercheuse au laboratoire Glyco-MEV

« Nous sommes continuellement en formation, en remise en question. Il n’y a pas de routine. Le métier d’enseignant chercheur c’est pour moi un métier à différentes casquettes : chercheur, enseignant, administratif... C’est un métier polyvalent dont j'apprécie toutes les tâches. »

L’université de Rouen Normandie a travaillé avec des étudiantes du master Ingénierie de la Santé, Analyses et Qualité en Bio-Industries, dans le cadre de la gestion de projet, pour valoriser les activités de recherche de trois laboratoires, et les personnes qui les font vivre : ECODIV, Glyco-MEV, CETAPS.

Jeune recrue depuis 2018, Narimane Mati-Baouche a intégré, en tant que Maître de conférences, le laboratoire Glyco-MEV de l’université de Rouen Normandie.

D’origine algérienne, Narimane Mati-Baouche a effectué la première partie de ses études supérieures dans son pays natal où elle a obtenu l’équivalent d’un BAC+4 en biochimie. Au cours d’un Master spécialité Sciences des Aliments à l’université Clermont Auvergne, elle a eu l’opportunité de réaliser deux stages qui ont constitué des étapes clés dans sa carrière professionnelle en confirmant son attrait pour la recherche.

Lors d’un premier stage au département Food Science de l’université McGill au Canada, elle a travaillé sur la caractérisation de glycomolécules de pomme de terre pour développer des nutraceutiques reconnus pour leurs effets actifs sur la santé du consommateur. Au cours de son deuxième stage à l’Institut Pascal de Clermont-Ferrand, elle a participé au projet ALGORAFINNERIE en caractérisant des glycomolécules de deux modèles de microalgues. À l’issue de ce stage, elle a effectué une thèse sur la formulation de polysaccharides pour des applications adhésives (Projet DEMETHER). Ces travaux clés lui ont permis d’avoir un fil conducteur puisqu’elle travaille encore aujourd’hui sur les glycomolécules ; des molécules sucrées.

« On peut dire que j’ai une recherche sucrée. »

Enrichie professionnellement et humainement, elle devient en 2016 Attachée Temporaire d’Enseignement et de Recherche (ATER) au sein de l’école d’ingénieurs Polytech Clermont-Ferrand. Elle postule par la suite à un deuxième contrat ATER à l’université de Rouen Normandie, pour un nouveau challenge : la biosynthèse des glycomolécules des microalgues. Avec l’envie de partager ses connaissances et de faire avancer la science, elle y devient en 2018 Maître de conférences et décroche la même année le prix jeune chercheur « Bernard Fournet-André Verbert » du Groupe Français des Glycosciences (GFG).

  • Sur quelles thématiques portent vos recherches ?

« Depuis 2018, je fais partie de l’axe de recherche dirigé par le Pr. Muriel Bardor. Nous essayons de mieux comprendre la voie de N-glycosylation des protéines, processus très important pour leur durée de vie, leur immunogénicité, leur efficacité… L’étude de cette synthèse de glycannes est nécessaire pour faire avancer la recherche (volet fondamental) et à la fois pour proposer des solutions (volet appliqué). Nos recherches ont pour objectif la production de protéines recombinantes à visée thérapeutique. Autrement dit, nous souhaiterions utiliser les microalgues comme usines cellulaires. Pour cela, je travaille, pour ma part, sur un modèle de microalgue verte : Chlamydomonas reinhardtii. Ces travaux nécessitent l’utilisation d’outils de biologie moléculaire et de biochimie structurale de pointe. »

Grâce à son thème général de recherche, la glycobiologie végétale, le laboratoire Glyco-MEV dispose d’une renommée internationale et possède de nombreux partenaires et collaborateurs académiques et industriels. En tant que membre du Carnot I2C –Innovation Chimie Carnot, Glyco-MEV a pu établir une collaboration avec des industriels et les laboratoires membres sur des problématiques concrètes.

L’axe “Glycosylation chez les microalgues” collabore sur le modèle C. reinhardtii avec des Allemands de l’Université de Münster et des Autrichiens. De ce fait, Narimane Mati-Baouche prend part également au projet européen H2020 Pharma Factory dont l’objectif est de développer des plateformes de production de biomédicaments à partir d’usines cellulaires végétales. Afin d’enrichir ses relations internationales, elle a également à cœur de déposer un projet Hubert Curien (PHC) Tassili avec des chercheurs de son pays natal.

Elle s’inscrit également dans plusieurs réseaux de recherche par exemple en tant que secrétaire du Groupe Français des Glycosciences (GFG) depuis 2019 pour une durée de 4 ans. Une de ses missions est d’organiser les journées du GFG 2022 en Normandie. Elle est également membre de la Structure Fédérative de Recherche Normandie Végétale (SFR NORVEGE) qui regroupe les acteurs normands académiques et industriels travaillant dans les sciences du végétal.

  • Comment percevez-vous votre rôle d’enseignant-chercheur ?

« Nous sommes au service du public, des étudiants et de la communauté scientifique. Notre quotidien est de mieux comprendre la vie, les choses pour apporter des solutions aux problématiques de la société. Nous ne faisons pas de la recherche pour faire de la recherche. Nous faisons avancer la science et nous la mettons en application.

Nous sommes les acteurs des défis de demain.

La pédagogie et la communication sont essentielles dans notre métier. Nous sommes continuellement en formation, en remise en question. Il n’y a pas de routine. Le métier d’enseignant chercheur c’est pour moi un métier à différentes casquettes ; chercheur, enseignant, administratif… C’est un métier polyvalent dont j’apprécie toutes les tâches.
La recherche universitaire présente également des défis et des difficultés au quotidien. L’aspect financier est le plus important d’entre eux. Il représente un frein car le temps passé à chercher des financements les éloigne de la paillasse et de leur cœur de métier. Cette part administrative dans leur quotidien est de plus en plus pesante. Il serait nécessaire que l’État encourage l’enseignement, la recherche et l’éducation qui sont des secteurs pivots et essentiels dans notre société actuelle. »

  • Quels conseils/arguments pourriez-vous apporter à un étudiant ou lycéen intéressé par la recherche ?

« Je lui dirais : est-ce que tu es curieux dans la vie ? Est-ce que ce qui t’entoure t’intéresse ? Est-ce que tu aimes travailler en équipe ? Si tu as ces qualités-là, alors fonce ! Et si tu as ces qualités-là mais que tu hésites encore, alors, fais des stages d’initiation, d’observation. Les stages sont des éléments déclencheurs dans le parcours professionnel. »

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