Depuis désormais trois ans, l’université de Rouen Normandie s’est associée avec l’entreprise pharmaceutique Johnson & Johnson ainsi qu’avec Science Action Normandie et l’association Femmes & Sciences. Leur but est de mettre en avant des étudiantes de l’Université qui œuvrent pour la science.
C’est la raison pour laquelle le prix Johnson & Johnson a vu le jour en 2022. Il récompense des étudiantes inspirantes, engagées en cursus scientifique et vise à les soutenir dans leur parcours universitaire. Alors que les candidatures pour le prochain prix viennent d’ouvrir, nous sommes partis à la rencontre de Meryem Boujnane et Priscilla Pillon, deux anciennes lauréates. Elles nous parlent de l’importance de mettre en avant les femmes dans les sciences et de jouer un rôle d’ambassadrices. Elles évoquent également ce que ce prix a changé pour elle depuis qu’elles en ont été récipiendaires.
Meryem Boujnane
26 ans
Doctorante
Laboratoire CBSA (Communication bactérienne et stratégies anti-infectieuses) UR 4312
- Il y a quelques mois vous avez été lauréate du prix Johnson & Johnson. Qu’est-ce que ce prix vous a apporté depuis ?
Tout d’abord, je suis très reconnaissante et je remercie Johnson & Johnson pour cette mise en avant. Ce prix représente pour moi une belle récompense pour mon engagement en tant que femme scientifique. Depuis, ce prix a renforcé ma motivation à continuer à m’impliquer dans des actions qui visent à inspirer et promouvoir l’action des filles en sciences.
- Sur quoi portent vos recherches, votre travail scientifique ?
Actuellement, je suis en dernière de doctorat en microbiologie, au laboratoire CBSA (UR4312). Je travaille sur la communication entre l’hôte et les microorganismes qui y cohabitent, le «microbiote ». En effet, les bactéries qui colonisent notre intestin communiquent avec nous de façon continue et permanente. Il s’agit d’un vrai dialogue qui s’établit entre autres via les hormones humaines. Comme par exemple, l’adrénaline et la noradrénaline, qui sont des hormones de stress, libérées en cas de stress ou suite à une activité physique accrue. Leur libération agit sur l’hôte, sur le système cardiovasculaire, digestif, mais aussi sur le microbiote. Je cherche donc à comprendre comment des bactéries présentes dans notre corps, peuvent ressentir ces hormones et y répondre. Nous nous intéressons également à étudier les effets de ces hormones sur les interactions des bactéries entre elles et avec l’hôte.
- Ce prix met en avant le lien entre femme et science. Est-ce important pour vous de jouer un rôle sur ce sujet de société ?
Tout à fait, le rôle de la femme en sciences est primordial, même si ce rôle a été marginalisé. En tant que femme dans le domaine scientifique, je suis consciente de la grandeur de notre potentiel, de nos contributions ainsi que la richesse que nous apportons à la science. Il s’agit bien sûr, pour moi, d’un devoir d’encourager et soutenir les jeunes filles à s’engager dans des parcours scientifiques à tous les niveaux.
- Avec ce prix vous avez désormais un rôle d’ambassadrice. En quoi cela consiste ?
Ce rôle d’ambassadrice consiste à représenter les valeurs du prix Johnson & Johnson : l’engagement, l’innovation et la promotion des femmes dans les sciences. Concrètement, cela signifie partager mon expérience et mon parcours, intervenir dans des événements, ateliers et tables rondes. De plus, cela consiste également à encourager les vocations scientifiques chez les jeunes filles, participer implicitement à leur orientation ainsi que les sensibiliser au besoin de diversité dans le monde scientifique, quel que soit le parcours.
- Comment transmettre l’envie de faire des sciences, notamment aux jeunes femmes ?
Selon moi, il suffirait de parler à cœur ouvert de son parcours, de sa passion vis-à-vis son domaine, partager son expérience, les difficultés rencontrées mais aussi le potentiel et les débouchés des carrières scientifiques. De façon plus concrète, cela peut être médié via les réseaux sociaux, des ateliers, des programmes de mentorat et via des initiatives éducatives et culturelles.
Priscilla Pillon
22 ans
M2 Biologie agrosciences
UFR Sciences et techniques
- Il y a quelques mois vous avez été lauréate du prix Johnson & Johnson. Qu’est-ce que ce prix vous a apporté depuis ?
Devenir lauréate du prix Johnson & Johnson a été une reconnaissance à la fois de mon parcours scientifique et de ma valeur en tant que femme dans ce milieu. Depuis, cela m’a donné une nouvelle visibilité et m’a permis d’élargir mon réseau professionnel en rencontrant d’autres chercheurs et scientifiques inspirants. Cette expérience m’a également confortée dans l’idée que le milieu scientifique a un rôle essentiel à jouer dans la promotion de l’égalité, en s’engageant concrètement contre les discriminations, notamment sexistes.
- Sur quoi portent vos recherches, votre travail scientifique ?
À la suite de l’obtention d’un DUT Génie biologique, ainsi que d’une Licence en Sciences de la vie, j’ai intégré le Master Biologie agrosciences pour me spécialiser en sciences du végétal (biologie et chimie). J’ai pour projet professionnel de travailler dans la recherche et le développement d’ingrédients et de produits cosmétiques écoresponsables, d’origine naturelle, en valorisant des coproduits industriels. J’aimerais en faire mon métier, car c’est une manière pour moi d’allier innovation scientifique et engagement environnemental.
J’ai réalisé des stages en entreprise pour la qualité microbiologique des cosmétiques (DUT) et en laboratoire de recherche pour la culture de microalgues (L3). J’ai aussi réalisé un stage en recherche et développement (M1) pour la biovalorisation de coproduits, issus de la production de produits nutraceutiques à base de microalgues et de cyanobactéries, en ingrédients cosmétiques bioactifs. Aujourd’hui, je suis en stage dans un laboratoire de recherche (M2) où je réalise l’extraction de molécules d’intérêt (composés phénoliques) pour la santé animale et végétale d’espèces végétales variées.
- Ce prix met en avant le lien entre femme et science. Est-ce important pour vous de jouer un rôle sur ce sujet de société ?
En tant que lauréate de ce prix et en tant que femme, le rôle que j’ai à jouer dans le sujet de société concernant le lien entre les femmes et la science est essentiel. Il ne s’agit pas seulement de représenter les femmes dans ce milieu, mais aussi de montrer que les sciences ont besoin de tous les humains, peu importe leur genre. Pendant longtemps, les femmes ont été invisibilisées dans les carrières scientifiques, donc aujourd’hui, jouer un rôle dans ce changement de mentalité est une responsabilité que je prends à cœur. Je veux contribuer à construire un monde dans lequel les jeunes filles peuvent être attirées et se projeter librement dans ces carrières scientifiques et y être encouragées, car ce milieu a besoin d’elles.
- Avec ce prix vous avez désormais un rôle d’ambassadrice. En quoi cela consiste ?
Être ambassadrice, c’est avant tout porter et transmettre un message : celui que la science est accessible à toutes et à tous, et a besoin de diversité. Mon rôle est donc de représenter les étudiantes en sciences et de promouvoir le monde de la recherche scientifique, notamment aux jeunes femmes, en partageant mon expérience dans ce milieu.
- Comment transmettre l’envie de faire des sciences, notamment aux jeunes femmes ?
Pour transmettre l’envie de faire des sciences, particulièrement aux jeunes femmes, il est essentiel de déconstruire les stéréotypes : il n’existe pas de profil type pour être scientifique. Le milieu scientifique d’aujourd’hui est constitué de parcours variés répartis dans de multiples disciplines. Il faut aussi valoriser les sciences comme des disciplines créatives, collaboratives et profondément connectées aux enjeux de notre société. Enfin, il faut proposer des modèles inspirants, dans lesquels les jeunes peuvent se reconnaître, car c’est en rendant la science plus humaine, plus accessible et plus inclusive qu’on donnera envie de s’y engager.
COMMENT PARTICIPER ?
Vous pouvez soumettre une candidature en cliquant sur ce lien.
- Candidature individuelle
- Candidature portée par un collectif (minimum 5 personnes enseignant, étudiant, personnel de l’Université).
Les dossiers pourront être déposés jusqu’au vendredi 22 septembre 23h59.
Les 15 lauréates seront récompensées lors de la Fête de la Science.
Date de publication : 11/06/25